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Actualités du réseau AAMF

De la méthanisation à la chaufferie bois-déchet, une ferme modèle en Alsace

Florian Christ pilote déjà une unité de méthanisation depuis 2015. Et récemment, il vient de créer une chaufferie bois-déchet. Palettes, emballages, poutres non traitées, déchets verts : 100m3 de bois-déchet peuvent y brûler chaque jour.

L’EARL du Haut-Village, dans le Bas-Rhin, est d’abord une exploitation laitière familiale avec 150 vaches Prim’Holstein dont le lait est vendu à la coopérative Alsace Lait, et 50 Jersiaises dont le lait est transformé sur place. Les parcelles sont cultivées en agriculture de conservation. Florian Christ et de ses associés, dont Emilie Bondoerferr, expliquent : « Nous avons voulu agir concrètement pour développer notre ferme en suivant une démarche vertueuse sur le plan environnemental et pérenne sur le plan économique ». En 2015, la SAS Méthachrist, une unité de méthanisation reliée à un réseau de chaleur, voit le jour. L’approvisionnement de l’unité est composé d’effluents de l’exploitation et de ceux d’une ferme voisine, plus des résidus d’unités agroalimentaires locales, des boues industrielles, des cannes et pailles de maïs. En 2020, Florian Christ note qu’il n’y a pas de « valorisation intelligente » des palettes de bois sur lesquelles arrivent les déchets alimentaires pour la méthanisation. « A l’époque, les chaufferies n’en voulaient pas. Et au centre de compostage où je les déposais, le tas de bois-déchet était peu utilisé ». C’est de ce constat que nait l’idée de la chaufferie. Pour limiter les coûts au maximum et face à la flambée des prix avec la guerre en Ukraine, l’éleveur du Kochersberg est allé visiter des chaufferies en France, en Suisse et en Allemagne. Puis il s’est affranchi d’un bureau d’études et a dessiné lui-même le schéma de flux d’eau. La chaufferie est opérationnelle depuis septembre 2022, en même temps que la fromagerie

La Seine-et-Marne roule au BioGNV agricole

 

Sénart Bio Energie

La Seine-et-Marne poursuit ses actions pour produire une énergie verte et pour décarboner la mobilité sur son territoire. En Seine-et-Marne, la charte CapMétha77 a pour ambition est d’atteindre 75 % d’autonomie gaz pour les usages résidentiels à l’horizon 2030, avec un objectif de production de 2,5 TWh/an de biométhane ; et de contribuer à une mobilité décarbonée en soutenant l’utilisation du BioGNV.

Début juin, l’unité de méthanisation Sénart Bio Énergie a ainsi présenté son tracteur New Holland fonctionnant au BioGNV qui sera utilisé principalement pour la fauche de bords de voiries.. Alexis Lepeu, président de la Cuma du Plateau de Brie et Agriculteur Méthaniseur de France, s’est engagé dans une démarche vertueuse. « On est face à une page blanche, on écrit l’histoire. Je sais juste que si’ l’on ne fait rien, il ne se passera rien. Il faut agir pour assurer notre autonomie demain », a-t-il raconté lors de l’inauguration de ce tracteur. Le BioGNV, 100% renouvelable et local, est produit par des unités de méthanisation. Et la station d’avitaillement multi-énergies, située à Réau, est la concrétisation d’un travail en commun entre Sénart Bio Energie et SIGEIF Mobilités.

Par ailleurs, le Conseil Départemental souhaite renforcer le maillage en stations d’avitaillement. Ainsi, le Département, le Syndicat Départemental des Énergies de Seine-et-Marne, GRDF et GRTgaz ont cofinancé la réalisation d’un schéma de déploiement de stations publiques d’avitaillement en GNV/BioGNV. A l’horizon 2030, 30 stations publiques devraient permettre de faire rouler 6000 poids lourds au BioGNV. Le Département a aussi imaginé la stratégie CapBioGNV77 pour faciliter l’émergence de ces stations et accompagner les acteurs publics et privés dans la conversion de leurs flottes de véhicules.

Un réseau de chaleur pour chauffer le village

 

SARL Agri Santolines

En Meurthe-et-Moselle, dès 2010, Johann Colet s’intéresse à la méthanisation pour se diversifier et pour se conformer aux normes environnementales. Après quelques années d’interruption, il relance son idée en 2018, la nécessité de construire une nouvelle fosse étant toujours présente. La question de monter un projet collectif se pose à lui. Mais après discussions avec des voisins, Johann Colet a choisi d’investir individuellement dans son unité de méthanisation (à noter toutefois qu’il a établi un partenariat avec 4 agriculteurs de la région qui lui fournissent des effluents d’élevage en échange de digestat). Il se rapproche alors de la Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle pour réaliser l’étude de faisabilité. Les premiers terrassements débutent en 2019. Mais des fouilles archéologiques, ainsi que l’arrivée de la crise sanitaire et du premier confinement retardent le chantier. L’unité est finalement mise en service fin 2020.

L’objectif principal de Johann Colet était de valoriser la chaleur produite en chauffant sa maison et le village. Une réunion publique est alors organisée pour informer les habitants de la possibilité de se raccorder au réseau de chaleur. Le projet aura nécessité la construction d’un réseau de chaleur de 1,5 km pour relier les 15 maisons. Johann Colet a financé intégralement ce réseau, les particuliers ont pris en charge le raccordement de l’armoire à leur maison. L’éleveur a signé des contrats de 8 ans avec chaque foyer. Pour un foyer de quatre personnes consommant annuellement 20000 kWh, la facture s’élève à 1460 euros.

En plus de la fourniture de chaleur, Johann Colet a installer un séchoir pour sécher des fourrages, du maïs et du tournesol pour d’autres agriculteurs, profitant ainsi de l’utilisation de la chaleur produite même pendant les périodes où la demande de chauffage résidentiel est faible.

Ce projet de méthanisation et de réseau de chaleur à Vého représente une initiative locale visant à valoriser les déchets agricoles, à fournir une source de chaleur renouvelable aux habitants et à réduire les coûts énergétiques. Il démontre comment l’agriculture peut jouer un rôle dans la transition énergétique et contribuer à résoudre la crise énergétique actuelle.

 

La méthanisation, un cercle vertueux

 

May AgroEnergie

En Seine-et-Marne, l’unité de méthanisation May AgroEnergie est le fruit de la collaboration de six exploitants agricoles. Cette installation produit environ 12 GWh de biométhane par an, injecté dans le réseau de transport de gaz de GRTgaz. May AgroEnergie est la 8ème unité d’Ile-de-France en service sur ce réseau. Le biométhane est créé à partir de sous-produits végétaux tels que les pulpes de betteraves, et des cultures intermédiaires à vocation énergétique.

La quantité de biométhane produite par May AgroEnergie équivaut à la consommation annuelle d’environ 2000 logements. Les participants à l’inauguration officielle (Ademe, Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France, élus locaux…), ont rappelé les nombreux avantages du biométhane pour la Seine-et-Marne, tels que la valorisation locale des déchets, l’aménagement du territoire, le développement agricole et la création d’emplois. Pour les agriculteurs de May AgroEnergie, « ce système crée un cercle vertueux : les fermes fournissent les intrants pour le méthaniseur, qui à son tour fournit des ressources aux fermes ». Au cours de la première année de fonctionnement, May AgroEnergie a traité près de 11000 tonnes d’intrants agricoles, ce qui a permis de produire 9300 tonnes de digestat, qui peut remplacer 30 à 35 % des engrais chimiques utilisés sur les parcelles agricoles, contribuant ainsi à une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement.

Marc Fesneau inaugure l'unité de méthanisation BiogazMer

Le 14 avril, dans le Loir-et-Cher, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, a inauguré l’unité de méthanisation BiogazMer, en compagnie de Jean-François Delaitre, président de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France.

Le ministre de l’Agriculture, ancien président de la communauté de communes Beauce-Val de Loire, connait bien ce secteur : « C’est un territoire qui m’est cher, BiogazMer incarne la philosophie exemplaire de la méthanisation à la française, un modèle durable qui répond aux enjeux de la souveraineté alimentaire et énergétique. 80% du biométhane produit en France est produit par les agriculteurs. On voit bien ce que sera l’agriculture de demain ».

BiogazMer est une unité de méthanisation collective avec 12 céréaliers. Elle a été mise en service fin 2022, 250 Nm3/h sont déjà injectés en continu dans le réseau de distribution de gaz exploité par GRDF. BiogazMer 5500 logements de la ville de Mer (pour 6200 habitants). La ville de Blois, située à 20 km, pourra bénéficier de cette énergie verte quand la demande estivale locale sera moins importante. Jérôme Genty, président du collectif d’agriculteurs, explique : « BiogazMer répond aux différents enjeux que l’agriculture doit relever aujourd’hui : défi climatique, transition agroécologique, souveraineté alimentaire et énergétique ». Les 12 agriculteurs ont d’ores et déjà d’autres projets en tête, comme le CO2 issu du process, non valorisé actuellement et qui pourrait être mis à disposition de fabricants de boissons gazeuses. Autre idée : la création d’une station de BioGNV (aujourd’hui, il en existe une seule dans le Loir-et-Cher) : « BiogazMer est stratégiquement située à 1 km de la sortie d’autoroute A10 « Mer-Chambord » sur l’axe Paris-Bordeaux-Espagne. Et le parc d’activités des Portes de Chambord a permis l’installation d’un grand nombre de plateformes logistiques ».

Les feux semblent au vert pour BiogazMer dans un département où GRDF projette d’injecter 14% de gaz vert dans les réseaux dès 2025. « La dynamique dans le Loir-et-Cher et dans la région est importante, l’autosuffisance en gaz devrait être atteinte dès 2050 », a ainsi expliqué Caroline Renaudat, directrice territoriale régionale Centre-Val de Loire.

Communiquer sur la méthanisation

SAS Lago Watt

En 2019, Kévin Sauvée reprend la ferme familiale sur la commune de Pacé (Ille-et-Vilaine). Léon et Gildas, deux amis, le rejoignent pour créer le GAEC du Lagot. Les trois agriculteurs élèvent 115 vaches laitières Prim’Holstein et une centaine de Limousines. Le lait est vendu à la coopérative Agrial et la viande bovine dans le magasin de producteurs « Le Carbasson ». L’unité de méthanisation Lagot Watt est une petite installation alimentée par du fumier de bovins, de chevaux, de volailles, du lisier, du seigle. La production annuelle est de 5 GWh, soit la capacité de fournir l’énergie suffisante pour 1 000 foyers. Le méthaniseur génère 50 Nm3 de gaz par heure. Épuré sur place à un taux de 98%, il est vendu à Engie et injecté sur le réseau GTRgaz depuis février 2021. Les trois éleveurs, adhérents de l’Association des Agriculteurs Méthaniseurs Bretons, s’accordent sur l’importance de la communication, notamment pour des unités de méthanisation proches de la ville, sur l’importance de la pédagogie et de la transparence.

Ouverture d'une station de BioGNV dans les Vosges

Methavair / GNVair

La première station-service de BioGNV de Lorraine vient d’ouvrir près de Vittel dans les Vosges. Mathieu Laurent, Agriculteur Méthanisateur de France, est à l’origine de cette installation. Le BioGNV vendu est produit à 200 mètres sur l’unité de méthanisation du GAEC du Pichet (exploitation en agriculture bio avec une ferme pédagogique) à partir d’effluents d’élevage et de déchets de cantine. La station peut accueillir jusqu’à 30 véhicules et 3 poids-lourds par jour. Pour Mathieu Laurent, le BioGNV est un carburant d’avenir, 100000 véhicules roulant déjà avec ce carburant en Allemagne contre 34000 seulement en France. Des entreprises locales se sont équipés en véhicules roulant au BioGNV quand ils ont eu connaissance de la création de cette station-service d’un nouveau genre.

Le premier tracteur rétrofité en test

Robert Forez Energie

Le GAEC du Pré-Vert à Verrières-en-Forez produit son propre gaz vert depuis 2014, sur le site de méthanisation Robert Forez Energie situé à proximité de l’exploitation. Nicolas Robert, le responsable du site, utilise son fumier et son lisier pour les transformer en gaz vert. Une partie du gaz produit sert à chauffer le lycée hôtelier du Haut-Forez et les bâtiments de la commune. L’autre partie est transformée en électricité grâce à la co-génération. L’unité produit 2200 000 kwatt par an. L’exploitation a ainsi vu son bilan carbone s’améliorer considérablement : elle valorise environ 100 tonnes de CO2 par an. En 2022, Robert Forez Energie s’est également doté d’une station BioGNV.
Et début mars, a été présenté le premier tracteur de série CLAAS Celtis 436 rétrofité pour fonctionner au bioGNV. Ce tracteur a été rétrofité (passage d’une motorisation essence ou diesel à un véhicule roulant au BioGNV) par le Centre de Recherche en Machines Thermiques. Cette expérimentation a reçu l’aide de GRDF. Ce tracteur rétrofité est donc en test en conditions réelles (déplacement de matériels, travail dans les champs…) sur l’exploitation agricole qui compte déjà un tracteur New Holland T6 roulant au BioGNV. Cette phase de test va permettre de connaître un peu mieux la consommation et les performances du tracteur dans des conditions similaires à celle de son utilisation en Allemagne (ferme pilote du projet RES4LIVE).

La première unité de gaz porté

SAS Méthabraye
Dans le Loir-et-Cher, Méthabraye est une unité de méthanisation mise en service en 2018. Elle collecte les effluents provenant de 34 éleveurs principalement en vaches laitières dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour du site. L’originalité de Méthabraye réside dans le fait que le gaz produit est véhiculé par camion sous forme liquide à 15km sur un second site pour alimenter le réseau de gaz de ville de l’agglomération de Vendôme. Delphine Descamps, éleveuse laitière et présidente de la SAS Méthabraye explique : « La méthanisation nous donner l’image d’une agriculture plus verte. Et on a ce sentiment de créer de la valeur et de participer à notre autonomie énergétique ». La production est de 12 GWh/an, soit la consommation annuelle de 1000 logements ou 47 bus roulant au GNV (Gaz Naturel Véhicule). Il existe un réseau de gaz à Savigny-sur-Braye, où se situe le site de méthanisation, mais il ne correspondait pas à notre production. Notre but était de faire coïncider une production continue avec une consommation discontinue.  Il a fallu beaucoup de temps, d’énergie, de réflexion, de responsabilité, de décisions…, d’où l’intérêt de réfléchir et imaginer cela en groupe, dans un projet de territoire et dans l’objectif de pérenniser nos élevages ». Les agriculteurs de la SAS Méthabraye réfléchissent aujourd’hui à une alternative au portage de gaz par camion pour éviter la liquéfaction. L’alternative serait d’allonger le réseau jusqu’à l’unité de méthanisation.

"Le bilan carbone de nos exploitations agricoles s'améliore grâce à la méthanisation"

Jetza Gaz

Dans le Sundgau, 7 exploitations agricoles produisent ensemble du gaz à partir de leurs effluents d’élevage et de déchets collectés sur leur territoire dont du jus de choucroute. « Hopla Gaz » et « Jetza Gaz », ces noms prêtent à sourire, mais ce sont deux unités collectives de méthanisation gérées par des éleveurs laitiers alsaciens et mises en service fin 2021. « Au départ, le projet prévoyait la construction d’un méthaniseur plus grand, mais nous l’avons scindé en deux unités plus petites pour nous rapprocher géographiquement de nos fermes et éviter les passages de tracteurs dans la ville voisine », explique Vincent Dietemann, président de Jetza Gaz.

Les premières réflexions ont commencé en 2018 et portaient d’abord sur une meilleure utilisation des fumiers et lisiers. Un des membres de Jetza Gaz explique : « Avant, quand nous épandions le fumier dans nos champs, il y avait toujours des odeurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, avec le digestat qui sort du méthaniseur ».

En plus du digestat, chaque unité de méthanisation produit en moyenne 170 mètres cube de gaz par heure. « Nous pourrions en produire 20% de plus et approvisionner des foyers jusqu’à Mulhouse… Mais les infrastructures ne sont pas encore en place », poursuit Vincent Dietemann. Les deux unités produisent de quoi approvisionner 2800 foyers avec du méthane épuré, puis transformé en gaz de ville par GRDF qui l’injecte ensuite dans le réseau commun.

Comme dans de nombreuses régions françaises, ces projets ont fait peur au départ. Pour faciliter leur acceptabilité, les agriculteurs ont fait le tour des mairies pour expliquer le principe de la méthanisation, répondre aux peurs et critiques. « Nous avons bien expliqué que nous n’utilisons que des déchets et pas des produits alimentaires, c’est un cycle vertueux ». Et Vincent Dietemann de conclure : « Avec les sites de méthanisation, nous avons pu investir dans des matériels spécifiques pour limiter les gaz à effet de serre lors des épandages, le bilan carbone de nos exploitations agricoles se retrouvent ainsi améliorés grâce à méthanisation ».